12 août 2023
/ Texte publié le 29.9.2033 /
Je le connaissais surtout par son cinéma, bien que je le savais photographe. J'appréciais ses sujets sociologiques et politiques, et j’avais été particulièrement marqué par un plan fixe, dans un de ses films, montrant des « voyageurs » descendant de leur train de banlieue dans une gare parisienne : la vie de tous les jours, un petit morceau de condition humaine.
C’est grâce à mon « prof » Philippe Poirson que j’ai vraiment découvert son travail photographique et d'abord son livre Errances. Plus tard je me suis rendu compte que j’avais une vieille édition de son livre « La solitude du voyageur, précédé de Notes », mais aussi « En Afrique », la version de 1998 ! Mais d’où venaient-ils ? Des cadeaux de mon père ?
Les photos d’Errances m’ont beaucoup marqué. A la fois graphiques et humanistes. Dans des paysages banals, en général vides de personnes. Pleines de bontés et de mélancolies » (attention mot à employer avec précautions). J’ai adoré ses ostensibles fils électriques que l’on retrouvent dans tant de ses photos (je me souviens de mon père m’expliquant comment les grands photographes les masquaient - au temps de l’argentique bien sûr ; mais aussi de tout ces gens qui estiment une photo ratée, ou imprenables, des que des fils apparaissent). Tout autant son plaisir - j’imagine - à glisser des poteaux au premier plan. J’ai d’ailleurs fini par dire que ce n’était pas difficile de faire une photo à la manière de Depardon : il suffit d’y mettre des poteaux et des fils électriques, avec quelques ombres et plutôt en grand angle !
Et puis, la cerise sur le gâteau, ou plutôt le gâteau sur la cerise, ses longs textes qui accompagnent quasi systématiquement ses séries, ses livres. Textes introspectifs, personnels et qui abordent aussi la technique, le contexte, son rapport au cinéma, etc.
C’est peut-être pour cela que j’ai beaucoup de mal à apprécier des livres photo, ou des expositions, non accompagnés de texte. Oui, je trouve que - sauf exception (nombreuses) - le médium photo reste limité dans sa capacité à raconter une histoire, et encore plus dans sa capacité à se dire, voire même à émouvoir.
Aussi, je n'achète plus de livre photo sans texte.
Et comme pas mal de photographes - me semble t-il - je reste souvent plus émus par une exposition de peinture qu’une exposition de photo ; sans parler du cinéma ou de la vidéo : oh, tout ce qui se passe dans une séquence vidéo de 5 secondes en image fixe d’un sujet (portrait, street, et même paysage) par rapport à l'instantané de la photo. D’ailleurs on retrouve cela chez de nombreux jeunes « photographes » qui mélangent photo et vidéo sur leur site.
Mais, peut-être, tout simplement, n’ai je pas encore réussi à faire de ma photographie un moyen de me raconter, d’exprimer ce que j’ai au fond de moi, comme cela a pu être le cas - j’ai l’impression - avec la peinture que j’ai pratiqué il y une trentaine d’année. C’est d’ailleurs en partie dû à la grande difficulté à pratiquer l'improvisation en photographie, ce qui va à l’encontre de ma façon de faire dans d'autres formes d’expression.
Tout ça pour dire que j’essaye d’écrire des textes pour chacune de mes séries ce qui s’avère pas toujours facile … et parfois je n’ai rien à dire ;-) :(
Enfin, j’ai le sentiment que Raymond Depardon est meilleur réalisateur que photographe. N'empêche que lorsque l’on se penche sur son long parcours photographique en renouvellement régulier et en exploration. Chapeau le bonhomme.
Et finalement, la photo et le cinéma de Depardon sont très complémentaires.
Lisez ses textes, il en parle beaucoup mieux que moi.
Camargue, France, 2018
Nancy, France, 2019
Nancy, France, 2018
Alpes Suisses, 2019
Les Costes, Champsaur, Hautes-Alpes, France, 2019
Nancy, France, 2019
Avignon, France, 2017
Vanves, Région Parisienne, France, 2020
Nancy, France, 2019
Metz, France, 2020
Ancelle, Champsaur, Hautes-Alpes, France, 2021
Autreville, Vosges, France, 2020
Nancy, France, 2019